Plongez dans l’univers fascinant de l’astrochimie et de l’exobiologie avec Clara Thomas, une doctorante passionnée qui explore les mystères de la vie au-delà de notre planète.
Entre étoiles et molécules, elle nous invite à rêver et à comprendre comment la chimie peut révéler des indices sur l’origine de la vie dans l’espace. Prêts à embarquer pour cette aventure cosmique ?
Je m’appelle Clara Thomas, j’ai 22 ans et je suis ingénieure ESPCI. Je viens de commencer ma première année de thèse en exobiologie au LATMOS, à Guyancourt (Yvelines).
Ma thèse et mon travail de recherche
Dans le cadre de ma thèse, je me concentre sur l’étude des signes de vie passée ou actuelle dans des environnements semblables à ceux de Mars ou des lunes glacées, comme Europe et Encelade.
Un exemple concret
Un projet dont je suis fière, même si c’est plutôt dans le cadre d’un loisir, a été la fabrication de mon miroir de télescope à l’atelier d’optique de la Sorbonne.
J’ai taillé un miroir parabolique de A à Z à partir d’un bloc de verre, avec le bon conseil des membres de l’atelier. C’est un processus qui m’a pris environ 50 heures et qui était parfois un peu laborieux, car tout est fait à la main. Cela demande de la patience et de la précision, mais c’était incroyablement satisfaisant de voir ce miroir prendre forme petit à petit.

Mon parcours
J’ai choisi l’ESPCI car je voulais pouvoir continuer d’étudier la physique et la chimie en profondeur tout en adoptant une approche pluridisciplinaire. C’est, je pense, d’une grande importance pour aborder les questions scientifiques actuelles qui se situent souvent aux interfaces de plusieurs disciplines.
Cette formation « à la recherche, par la recherche » permet de se familiariser avec la démarche scientifique à travers la pratique et d’échanger avec les enseignants chercheurs.
L’astronomie, une grande passion pour moi !
Passionnée d’astronomie depuis mon plus jeune âge, j’ai pourtant beaucoup hésité durant ma scolarité à me lancer dans une science « dure ». Quand j’ai découvert la chimie au lycée, j’ai su que je voulais continuer dans cette voie car c’était une science expérimentale qui gardait un côté pratique et concret avec de nombreux domaines d’application.
Ce sont notamment mes professeures de prépa qui ont été décisives dans mon parcours. Leur écoute et leur capacité à répondre à mes interrogations m’ont permis de gagner en confiance et m’ont encouragée à poursuivre une carrière dans la recherche. Par la suite lors de ma scolarité à l’ESPCI, j’ai fait deux stages en synthèse organique et en protéomique, mais c’est à chaque fois l’aspect lié à la chimie analytique qui m’a le plus plu.
Mieux comprendre notre système solaire
Les échantillons analogues jouent un rôle essentiel, car ils nous permettent de simuler certaines propriétés précises des minéraux que l’on pourrait rencontrer sur d’autres mondes du système solaire, sans avoir à quitter la Terre avec toutes les contraintes que cela implique !
Les résultats de ces recherches ont des implications directes pour l’exploration spatiale. Ils nous aident à mieux comprendre quels indices de vie potentielle seraient les plus susceptibles d’être détectés lors des futures missions d’exploration sur Mars ou les mondes océans. Cela permet aussi de déterminer quels environnements seraient les plus favorables à la préservation de ces biosignatures et où concentrer nos efforts pour les trouver.
En parallèle, en comparant les analyses des échantillons dans des conditions terrestres aux analyses en conditions des instruments de vol dans notre laboratoire, nous pouvons identifier les biais potentiels des mesures réalisées in situ. Cela permet d’optimiser les protocoles des instruments des futures missions spatiales.
A quoi ressemble le quotidien d’une doctorante ?


Une partie importante de mon travail est aussi de simuler les conditions de travail des instruments embarqués sur des sondes spatiales.
Cela signifie reproduire en laboratoire les techniques d’analyse qui sont actuellement ou seront un jour utilisées pour explorer les corps du système solaire, afin de mieux comprendre les résultats des missions en cours et d’optimiser les protocoles d’analyse qui pourront être utilisés lors des missions futures pour détecter la vie ailleurs dans le système solaire.
Une journée avec moi

Pour certains échantillons, j’utilise la pyrolyse, qui permet de chauffer l’échantillon à des températures très élevées pour libérer les molécules présentes. Pour rendre certaines molécules du vivant plus difficiles à identifier, notamment les lipides et les acides aminés, j’ajoute des produits chimiques à l’échantillon avant l’analyse dans un procédé appelé dérivatisation.
Mon temps de travail est réparti entre les expériences en laboratoire et le travail de bureau.

Au laboratoire, je passe du temps à préparer les échantillons – ce qui peut être par exemple le broyage des échantillons minéraux avant leur analyse.
Je fais ensuite passer les échantillons à travers le GC-MS pour séparer et détecter les molécules qu’ils contiennent. Les molécules qui m’intéressent sont les molécules organiques, celles qui contiennent des éléments comme le carbone, l’hydrogène, l’azote, l’oxygène, et qui constituent la base de la chimie du vivant.
Et a côté… la médiation scientifique !

Par ailleurs, pendant ma thèse, j’aimerais continuer à m’investir dans la médiation scientifique, notamment pour faire découvrir le métier de chercheur aux plus jeunes. J’aimerais aussi m’engager plus dans des associations qui promeuvent la représentation des femmes en sciences.
Quelques conseils pour vous !
Je trouve l’initiative de SciGi vraiment géniale !
Durant ma scolarité secondaire, je n’avais pas vraiment de modèle de femmes de sciences et je ne me représentais pas ce qu’est un métier scientifique au quotidien. Bien que les choses changent petit à petit, il reste encore beaucoup à faire pour que les jeunes filles se sentent légitimes à poursuivre leurs passions dans ce domaine. Mon message pour elles serait simple : ne vous auto-censurez pas !
N’ayez pas peur d’explorer les sciences, de rêver grand et de croire en vos capacités.
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Edité par Shyrin, Clara et Mazzarine
