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Les femmes scientifiques pendant la Première Guerre mondiale



Dans son livre « The Descent of Man, and Selection in Relation to Sex” publié en 1871, le Britannique Charles Darwin étudie l’évolution humaine et y précise la théorie de la sélection sexuelle. Comme le précise Patricia Fara, présidente de la British Society for the History of Science dans son interview avec National Geographic, la théorie de l’évolution de Darwin soutient que les femmes sont intellectuellement inférieures aux hommes. Dans un contexte déjà bien compliqué pour les femmes, l’accès aux études scientifiques pour les femmes devient encore plus difficile, car leurs parents préfèrent les éduquer pour être de bonnes femmes au foyer, rangées et traditionnellesrangées.

L’arrivée de la Première Guerre Mondiale (1914-1918) va tout bouleverser. La plupart des hommes étant allés sur le champ de bataille, plusieurs femmes saisissent cette occasion pour se mobiliser et participer activement à l’effort de guerre, accomplissant ainsi des tâches jusque-là réservées à la gente masculine. Courageuses, déterminées et passionnées, ces femmes ont marqué l’histoire. Qu'elles soient inconnues ou célèbres, découvrons le portrait de quelques femmes d'exception pendant la Première Guerre mondiale.




Martha WHITELEY : l’origine du gaz moutarde utilisé au cours de la Première Guerre mondiale

Surnommée « La femme qui a fait pleurer les Allemands »

Martha Annie Whiteley est née le 11 novembre 1866 à Chelsea, Londres (Angleterre). Elle est la cadette de William Sedgewick Whiteley et d’Hannah. Ne venant pas d’une famille fortunée, ses études sont majoritairement financées par l’obtention de bourses d’études. Elle commence son éducation à l’école pour fille de Kensington et en 1887 elle rejoint l’Université Royal Holloway à Londres où elle étudie les sciences. Elle obtient une licence en chimie en 1890. En 1890, Martha Whiteley décroche un diplôme de Mathématiques de l’université d’Oxford. Confrontée à des difficultés financières, Martha Whiteley consacre une majorité de sa carrière à l’enseignement de la chimie. Parallèlement, elle poursuit ses travaux de recherches sur l’étude organique des composés barbituriques et obtient en 1902 un doctorat en chimie de l’Impérial College London.

En 1914, l’année de la Première Guerre mondiale, Martha Whiteley est contrainte d’interrompre ses recherches et de les orienter sur des travaux pouvant bénéficier l’armée britannique. Pendant la guerre, les laboratoires de l’Imperial College sont utilisés pour analyser des échantillons collectés sur des champs de batailles. Martha Whiteley et ses collègues se concentrent principalement sur l’étude des gaz irritants et lacrymogènes qui forcent les troupes à évacuer le champ de bataille. Martha Whiteley et son équipe sont à l’initiative d’une tranchée expérimentale à l’Imperial College permettant de tester gaz et explosifs. Afin de tester l’effet du gaz sur l’Homme, Martha Whiteley et son équipe testent également ce gaz sur elles-mêmes, malheureusement, Martha Whiteley se blesse au cours d’une expérimentation sur le gaz moutarde. Ses travaux ont conduit au développement d’explosifs, dont l’un d’eux sera nommé « DW » pour « Dr Whiteley ».

Durant cette période, elle développe par par ailleurs des anesthésiques de synthèse.

En 1920, elle reçoit la médaille d’honneur de l’Ordre de l’Empire britannique (OBE) pour ses contributions scientifiques durant la guerre. Elle est une fervente militante pour l’égalité des sexes en chimie et devient la première femme élue au conseil de la Royal Society of Chemistry où elle siège de 1928 à 1931. Martha Whiteley prend sa retraite en 1934 et décède en 1956 d’une maladie cardiaque.


Louisa GARETT ANDERSON : à l’origine d’hôpitaux militaires dirigés par des femmes


Louisa Garrett Anderson est née en 1873. Elle est la fille de James Skelton et Elizabeth Garrett Anderson. Son frère et sa sœur décèdent de méningite en 1875. Elle obtient son doctorat en médecine (MD) en 1897 et devient chirurgienne à l’hôpital pour Femmes.

Louisa Garrett Anderson est une pionnière de la médecine suffragette (militante pour les droits de vote de femmes britanniques) britannique. Fervente militante, elle est emprisonnée 6 mois en 1912 pour avoir dégrader un bien public pour protester contre un discours anti-suffragiste.

Avec le début de la Première Guerre Mondiale en 1914, Louisa Garrett Anderson et son amie Flora Murray fondent des hôpitaux militaires en France et à Londres. Louisa Garrett Anderson dirige un hôpital militaire parisien qui n’emploie que des femmes à Londres et à Paris où des milliers de soldats seront soignés. Elle a également travaillé sur les causes de blessures de guerres afin de mieux les éviter.

Louisa Garrett Anderson décède en 1943. En reconnaisse de ses accomplissement, une plaque commémorative est située à Londres où l’hôpital militaire était situé.




Marie CURIE : à l’origine des véhicules radiologiques mobiles « les petites Curies » pour sauver les soldats

Marie Curie est née le 7 novembre 1867 à Warsaw (Pologne). Elle est la plus jeune d’une famille de cinq enfants née de Bronislawa et Wladyslaw Skoldowski. Marie Curie est issue d’une famille qui accorde de l’importance à l’éducation pour les filles comme pour les garçons. Elle reçoit une éducation dans des écoles publiques et privées où elle apprend plusieurs langues, la littérature, l’histoire, les mathématiques et les sciences. Marie Curie est une brillante élève avec une mémoire hors du commun et une facilité et douée pour les langues. Pour des contraintes financières et en raison de l'interdiction faite aux femmes de fréquenter l'université, Marie Curie a été contrainte de travailler comme tutrice. En 1891, elle déménage à Paris et étudie à la Sorbonne et obtient un Master en Science en 1893 et en mathématique en 1894. En 1903, elle obtient son doctorat en Sciences Physiques sur ces travaux sur la radioactivité. Elle reçoit également le Prix Nobel en physique en collaboration avec Henri Becquerel et son mari Pierre Curie. En 1911, elle reçoit un second Prix Nobel en Chimie pour la découverte des éléments radioactifs polonium et radium. En 1914, à l’avènement de la Première Guerre Mondiale, Marie Curie interrompt ses recherches pour aider les soldats sur les champs de bataille. Pour faire fasse au manque de dispositifs médicaux, Marie Curie décide de transformer des véhicules en « voiture radiologique », équipée d’appareil à rayon X et de chambre noire photographique, qui peuvent être conduite jusqu’au champ de bataille où les chirurgiens de l'armée pouvaient utiliser les rayons X pour guider leurs opérations.



Elle lance aussi un programme d’éducation pour former les médecins et techniciens à l’utilisation ces véhicules. Elle est ainsi à l’origine de la construction de salle de radiologie au sein d’hôpitaux de campagne. Marie Curie donne des conférences pour valoriser l’utilisation des rayons X dans les sciences et la médecine tout en indiquant les méfaits d’une surexposition au rayon X sur l’Homme. Marie Curie décède en 1935, à l’âge de 66 ans, d’une anémie aplasique causée par une leucémie radio-induite.

Helena GLEICHEN (1873-1947)
« Votre pays a besoin de vous » Millicent Fawcett

À l’origine peintre de fleurs, Lady Gleichen, une riche aristocrate et une cousine éloignée de la reine Victoria. Au cours de la Première Guerre Mondiale, Lady Gleichen souhaite participer à l’effort de guerre. Elle apprend à réaliser des radiographies suite à la suggestion d’un ami chirurgien. Elle proposera ensuite ses services aux bureaux français et britanniques qui les refuseront. Elle décide ensuite d’aller au front italien avec son ami Nina Hollings. À bord d’une unité mobile de radiologie, elles réalisent ainsi des radios à des milliers de soldats italiens qui avaient des balles dans le cerveau ou dans d’autres parties du corps. Lady Gleichen obtiendra ensuite le grade de major dans l’armée italienne.



 

Ecrit par Monika.T et Akila.R et édité par Alizée.M

Sources :

Martha Annie Whiteley

Whiteley, Martha Annie (1866–1956), chemist | Oxford Dictionary of National Biography (oxforddnb.com). https://www.oxforddnb.com/display/10.1093/ref:odnb/9780198614128.001.0001/odnb-9780198614128-e-46421

How World War I changed British universities forever (theconversation.com)

Comment - A temporary liberation |2014

The women we erased from history - UnHerd

Comment la Première Guerre mondiale a permis aux femmes scientifiques de faire leurs preuves

Louisa Garrett Anderson

Rebels, groundbreakers and trailblazers: the first ladies of surgery

Record : Papers of Louisa Garrett Anderson

Marie Curie and her X-ray vehicles' contribution to World War I battlefield medicine (theconversation.com)

Sara Rockwell, The life and legacy of Marie Curie, Yale Journal and Medicine https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2582731/pdf/yjbm00205-0023.pdf

Lady Helena Gleichen

Helena Gleichen: pioneer radiographer, suffragist and forgotten hero of World War I (theconversation.com)


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