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L'Effet Matilda


La face cachée des découvertes scientifiques

Si vous avez fait des études en biologie, vous avez forcément entendu les noms de James Watson et de Francis Crick pour leur découverte de la structure hélicoïdale (en forme d’hélice) de l’ADN ou de Thomas Hunt-Morgan pour son prix nobel du à ses découvertes en matière d’hérédité. Mais avez-vous entendu parler de Rosalind Franklin ou de Nettie Stevens ? Non ? C’est dû à ce que l’on appelle .....


L’effet Matilda

L’effet Matilda, tire son nom de Matilda Joslyn Gage, une féministe, abolitionniste et écrivaine américaine du 19ème siècle qui a mis en lumière ce phénomène en regroupant les situations dans lesquelles les hommes se voient attribuer tous les mérites d’une découverte faite par une femme [1]. La liste des lauréat.e.s de prix nobel en est une illustration claire [2]. En effet si l’on reprend tous les prix nobel décernés entre 1901 et 2020 on compte 58 prix adressés à des femmes contre 876 adressés à des hommes, soit 6% des prix nobel ! Le constat est encore plus affligeant pour les prix nobel scientifiques (en excluant les prix nobel de la paix et de littérature) : 25 femmes pour 685 hommes, soit 3,5%.


Alors oui, il y a moins de femmes en recherche scientifique (et c’est bien dommage) mais ce ratio n’explique pas cette différence énorme d’attribution des prix nobel. Des chercheurs ont vérifié en comparant les ratios des lauréat.e.s de prix nobel en physique, chimie, économie, physiologie et médecine au ratios des genres dans ces domaines de la recherche [3]. Leurs résultats montrent que la probabilité que la distribution des prix nobel ne favorise pas les hommes est inférieure à 4%, c’est-à-dire que les femmes sont en effet beaucoup moins représentées dans les prix nobel que les ratios homme/femme dans la recherche scientifique laisseraient à suggérer.


Combattre l’effet Matilda

Les conséquences de cet effet sont nombreuses :

  • Continuité des inégalités sociales et professionnelles ;

  • Diminution de la visibilité des femmes dans le monde scientifique ;

  • Décrédibilisation des compétences scientifiques des femmes, désintéressement des sciences par les femmes.

Il est donc très important de combattre cet effet afin que chacun soit reconnu pour ses découvertes. De nombreuses initiatives ont vu le jour et cherchent à mettre les femmes sur l’avant de la scène scientifique :

  • En 2015, les Nations Unies en association avec la princesse Dr. Nisreen, reconnue pour avoir défié le protocol royal iraquien et être devenue médecin et généticienne, lancent la « Journée Internationale des Femmes et des Filles en Science » qui sera maintenant célébrée chaque année le 11 février [4].

  • Le deuxième mardi du mois d’octobre, la Journée Ada Lovelace [5], en hommage à la mathématicienne et informaticienne Ada Lovelace, créatrice du premier programme informatique, valorise la place des femmes en sciences et notamment vise à accroître la visibilité des femmes dans le domaine des sciences, technologies, ingénierie et mathématiques.

  • Ada Lovelace a également donné son nom à une école, l’AdaTechSchool, fondée en 2019 par Chloé Hermary pour « s’attaquer aux biais genrés de l’informatique » [6]. Cette école propose notamment de découvrir, au travers d’une exposition disponible en ligne, toutes les « Matildas » dans l’informatique.

  • L’association des femmes chercheurs et technologues (AMIT) a lancée en 2021 une campagne baptisée #NoMoreMatildas pour remettre en lumière les femmes scientifiques dans les manuels scolaires [7].

L’écart entre les genres, à travers les efforts mis en place, commence à se réduire, comme le montre l’infographie ci-dessous : durant les 20 dernières années il y a eu plus de lauréates à un prix nobel que durant tout le 20ème siècle [8].


Source : https://www.nobelprize.org/prizes/
Reconnaître les femmes derrière les grandes découvertes

Cette liste ne saurait être exhaustive mais permet d’illustrer les propos précédents et de remettre en lumière quelques femmes de science pour leurs découvertes majeures.


Rosalind Franklin [9]

Physicochimiste britannique née en 1920 et décédée en 1958, Rosalind Franklin fut la première à avoir observé la molécule d’ADN sous sa forme de X (double-hélice) et à en prendre une photo, le cliché 51. Elle n’a rien publié à ce moment, préférant

continuer ses recherches afin de valider son observation. Sans son accord, son collègue Maurice Wilkins a transmis ce cliché à James Watson et Francis Crick qui travaillaient justement sur découvrir la forme de l’ADN cellulaire. En 1953 les trois hommes ont publié un article dans Nature en négligeant l’importance du cliché 51 et l’apport primordial de Rosalind Franklin à cette découverte [10], article qui leur a valu en 1962 le prix Nobel de physiologie-médecine.



Jocelyn Bell [11]

Jocelyn Bell, née en 1943 est une astrophysicienne britannique qui a travaillé notamment sur la construction d’un radiotélescope pour étudier les quasars (des trous noirs supermassifs au centre d’une région extrêment lumineuse) qui fut terminé en 1967. Elle observa alors le premier pulsar (un objet astronomique produisant un signal périodique) de l’histoire. C’est son directeur de thèse Anthony Hewish qui a obtenu en 1974 le prix nobel de physique pour cette découverte.



Nettie Stevens [12]


Nettie Stevens était une généticienne américaine née en 1861 et décédée en 1912. Elle a découvert que le sexe de chaque individu est déterminé par des caractéristiques génétiques. Son importance dans cette découverte fut négligée au profit de son mentor Thomas Hunt Morgan qui a obtenu le prix nobel de médecine en 1933 pour ses travaux sur la relation entre génétique et hérédité.




Bibliographie

1. Rossiter, M. W. (1993). The Matthew Matilda Effect in Science. Social Studies of Science, 23(2), 325–341. doi:10.1177/030631293023002004

2. Richter, F. (2020, October 13). Infographic: The nobel prize gender gap. Statista Infographics. Retrieved April 25, 2023, from https://www.statista.com/chart/2805/nobel-prize-winners-by-gender/

3. Lunnemann, P., Jensen, M.H. & Jauffred, L. Gender bias in Nobel prizes. Palgrave Commun 5, 46 (2019). https://doi.org/10.1057/s41599-019-0256-3

4. HRH princess dr. Nisreen El-Hashemite. The Founder - February11. (n.d.). Retrieved April 25, 2023, from https://www.womeninscienceday.org/the-founder.html

5. Celebrating the achievements of women in Science, Technology, Engineering and Maths. Ada Lovelace Day. (n.d.). Retrieved April 25, 2023, from https://findingada.com/

6. Qui sommes-nous ? - école d'Informatique - Ada Tech School. adatechschool. (2023, March 7). Retrieved April 25, 2023, from https://adatechschool.fr/qui-sommes-nous/

7. #nomorematildas. #NoMoreMatildas. (n.d.). Retrieved April 25, 2023, from https://www.nomorematildas.com/

9. Demeure, Y. (2020, December 19). Rosalind Franklin (1920-1958) : Découvreuse de la structure en double hélice de l'adn. Sciencepost. Retrieved April 25, 2023, from https://sciencepost.fr/rosalind-franklin-1920-1958-decouvreuse-de-la-structure-en-double-helice-de-ladn/

10. WATSON, J., CRICK, F. Molecular Structure of Nucleic Acids: A Structure for Deoxyribose Nucleic Acid. Nature 171, 737–738 (1953). https://doi.org/10.1038/171737a0

11. Wikimedia Foundation. (2023, March 22). Jocelyn Bell. Wikipedia. Retrieved April 25, 2023, from https://fr.wikipedia.org/wiki/Jocelyn_Bell

12. Wikimedia Foundation. (2023, January 17). Nettie Stevens. Wikipedia. Retrieved April 25, 2023, from https://fr.wikipedia.org/wiki/Nettie_Stevens


Rédigé par Loane D.

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