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Alicia Rouge : Allier Sciences Agronomiques et Politiques Publiques pour une Agriculture Durable

Dernière mise à jour : il y a 5 heures

Découvrez le parcours passionnant d’Alicia Rouge, ingénieure et docteure en agronomie spécialisée en agroécologie. Originaire de Dijon, elle travaille aujourd’hui au Ministère Chargé de l’Agriculture à Paris pour promouvoir une agriculture durable. Dans cet entretien captivant, Alicia retrace son chemin, depuis ses débuts en classe préparatoire jusqu’à son engagement pour l’environnement et l’alimentation de demain.


Alicia Rouge : Allier Sciences Agronomiques et Politiques Publiques pour une Agriculture Durable

Je suis Alicia Rouge ingénieure et docteure en agronomie spécialisée en agroécologie, et aujourd’hui chargée de mission pour le Ministère chargé de l’agriculture.


J’ai grandi à Dijon en Bourgogne où j’ai eu la chance de réaliser l’intégralité de ma scolarité ; de la maternelle au doctorat, en passant par le Bac Scientifique, la classe préparatoire BCPST, la faculté de biologie et l’école d’ingénieur en agronomie.


Mon parcours


Bonne élève et cavalière de formation, j’ai d’abord orienté mon parcours scolaire dans l’objectif de devenir vétérinaire équin. Après mes années de lycée et l’obtention de mon Bac S avec la mention Bien, j’ai été acceptée en classe préparatoire aux grandes écoles de vétérinaire et d’agronomie, ce qu’on appelle la prépa BCPST ou prépa agro-véto. Cette prépa BCPST est la voie principale d’entrée aux écoles supérieures de vétérinaire ou d’agro (agronomie et agroalimentaire). Mes deux années de prépa ont été deux années de travail les plus intenses de ma vie mais j’ai eu la chance de les partager avec des camarades de classe qui aujourd’hui, 10 ans plus tard, font partie de mon entourage proche.


Malheureusement (mais plutôt heureusement maintenant) mes deux années de travail acharné en prépa se sont soldées par un échec cuisant au concours A d’entrée aux écoles vétérinaire et d’agro, remettant en cause mon souhait de devenir vétérinaire équin ; car à l’époque, je ne souhaitais pas commencer ma carrière à 30 ans (les études de vétérinaire avec spécialisation durent 6 ans minimum).


La possibilité de redoubler ma 2e année de prépa pour repasser le concours A n’étant pas été envisageable pour moi sans mes camarades de classe et n’ayant pas eu l’envie de refaire une année d’apprentissages déjà réalisée, je me suis réorientée en faculté de biologie option préparation au concours B dans l’objectif de repasser le concours d’entrée en école d’agronomie.


Il faut savoir qu’il existe plusieurs voies pour passer les concours d’entrée en école d’agro ou véto : la prépa BCPST ou TB qui prépare au concours A, la faculté qui prépare au concours B et le BTS/DUT (ou BUT maintenant ?) qui prépare au concours C et une voie de prépa intégrée.


Le destin ayant encore décidé pour moi un autre plan que celui que je prévoyais : je suis tombée sur une année de réforme du concours B qui m’obligea à réaliser deux années de préparation (L2 puis L3) au lieu d’une. Je me suis alors retrouvée à la Fac à préparer le concours B sur deux ans au lieu d’un, avec un programme de Fac qui ne représente même pas un cinquième de tout ce qu’on apprend en prépa pour préparer le concours A. J’ai alors pu profiter de ma jeunesse post prépa tout en cumulant un emploi étudiant avec mes études à la Fac pour financer ma vie de jeune adulte. Aussi, certains cours de Fac étaient complémentaires à ce que j’avais appris en prépa et j’étais contente d’apprendre de nouvelles choses.


Après 2 années de Fac en tête d’un bon nombre de classements grâce à ma formation précédente, ce qui m’a permis de reprendre confiance en moi après l’échec du concours A, je réussis haut la main le concours B d’entrée en école d’ingénieur agro. S’offre alors à moi la possibilité de choisir parmi toutes les écoles d’agro en France. Je choisis l’école de Dijon pour deux raisons : (1) je pourrai dans cette école être fonctionnaire du Ministère chargé de l’agriculture, c’est-à-dire être payée pour étudier (et donc continuer à financer ma jeune vie d’adulte) et m’assurer un travail à la fin de mes 3 années d’études (en signant en tant que fonctionnaire à l’école de Dijon nous nous engageons à travailler au moins 8 ans pour l’Etat après les 3 ans d’école) et (2) je reste à Dijon près de ma famille et mes amis.


Trois années d’école d’ingénieur s’écoulent durant lesquelles j’apprends tout sur l’agronomie. Je choisis de me spécialiser en agroécologie au cours de ma formation, sensible aux modes de productions productivistes et leurs conséquences négatives sur la santé humaine, l’environnement et la biodiversité.


Finalement, après la Fac où je ne voulais surtout pas devenir enseignant-chercheur en voyant mes profs, me voilà décidée après 3 ans d’école d’ingénieur à mettre les pieds dans le monde de la recherche. Ma spécialisation en agroécologie à l’école d’ingénieur à Dijon m’a passionnée et je souhaite me spécialiser encore plus dans cette discipline. Mes 3 années de thèse ont été les plus riches en apprentissage de ma vie. Toutes les conditions étaient réunies pour que je passe cette étape avec brio : un bon encadrement, un sujet passionnant, un bon équilibre vie pro-vie perso et un entourage (collègues et proches) de grande qualité.


Enfin, après trois ans de formation d’ingénieur et de docteur en agronomie, spécialisée en agroécologie, je décide de mettre mes connaissances au service du Ministère chargé de l’agriculture dans un poste en faveur du déploiement de l’agroécologie dans les fermes françaises.


Qu'est-ce que l'agronomie et pourquoi cette discipline a suscité mon intérêt ?


L’agronomie est la science au service de l’agriculture et l’agriculture est la base de notre alimentation. J’ai toujours été passionnée par la science et le vivant : comprendre les mécanismes de la vie sur Terre m’est essentiel. Sachant que notre alimentation conditionne notre existence sur terre, travailler dans le domaine de l’agronomie a suscité mon plus grand intérêt.


L’agriculture a connu une histoire particulière, surtout après la seconde guerre mondiale où se sont rapidement développées la chimie (engrais de synthèse et pesticides) et la mécanisation. L’industrialisation de l’agriculture, basée sur l’utilisation de produits chimiques et la mécanisation a permis d’augmenter la production agricole et résoudre le problème de famine dans de nombreux pays après la guerre. En revanche aujourd’hui, la production agricole basée sur les produits chimiques et la mécanisation montre des limites : le vivant s’adapte aux pratiques des agriculteurs (résistance de certaines espèces à des pesticides), les sols (base de la production agricole) s’épuisent, la biodiversité est érodée, le climat se réchauffe et devient incertain, etc.


Le défi de produire autrement et à grande échelle est complexe, surtout dans le contexte mondialisé dans lequel nous vivons. Mais l’agriculture française, première puissance à l’échelle européenne, pourrait servir de modèle. Depuis 2009, de multiples politiques publiques en faveur d’une agriculture respectueuse de l’environnement ont été déployées en France et dans l’Union européenne. La certification environnementale elle a été créée en France en 2012, pour encourager les exploitations agricoles françaises à adopter des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement (par exemple réimplanter des haies, diversifier les cultures, couvrir les sols).


C’est aussi en 2012 que la notion d’agroécologie est rendue célèbre. Bien qu’il n’existe pas de définition consensuelle de l’agroécologie, le terme mixe deux disciplines scientifiques : l’agronomie et l’écologie. On pourrait dire que l’objectif en agroécologie est de produire des denrées alimentaires, sans dégrader l’environnement et la biodiversité. Scientifiquement, l’agroécologie mise sur les processus écologiques qui existent naturellement dans l’environnement pour les optimiser au regard de l’objectif de produire des aliments agricoles.


De l'école d'ingénieur au doctorat, qu'apprends-t-on ?


Les études en école d’ingénieur en agronomie sont souvent perçues comme facile, en tout cas pour les élèves qui ont fait une prépa BCPST. Le système de partiels est plus proche de celui de la Fac : on a des cours magistraux (CM) pour apprendre des leçons et des (TP/TD) pour appliquer, puis des partiels en fin de semestre avec les annales des années précédentes pour recopier ce qu’on a appris et passer au semestre suivant si on a la moyenne. Le plus intéressant en école d’ingénieur à mon sens c’est les stages. A l’école de Dijon, le stage de première année se fait dans une ferme. Il faut bien commencer par la base, si on veut être au service de l’agriculture il faut savoir ce qu’est l’agriculture. Travailler dans une ferme est le meilleur apprentissage. Même si plusieurs fois pendant mon stage je me suis demandée pourquoi j’avais besoin de récurer ce tracteur pour apprendre ce qu’est l’agriculture, cette expérience de 6 semaines a été plus que formatrice et j’ai eu la chance de tomber sur une famille d’agriculteurs passionnés et bienveillants.


Alicia Rouge : Allier Sciences Agronomiques et Politiques Publiques pour une Agriculture Durable
Stage de 1ère année d’école d’ingénieur dans un élevage de Limousines et Charolaises en Bourgogne

En deuxième année d’école d’ingénieur, on fait un stage à l’étranger de 6 mois : de loin la meilleure expérience de ma vie qui a lancé les suivantes. Grande amoureuse de la langue espagnole depuis le collège c’est naturellement que j’ai choisi l’Espagne pour ce stage, Olé ! En plus ce n’était pas trop loin de ma Bourgogne natale, donc un bon compromis en cas de besoin d’un retour imminent à la maison. Pour ce stage en Espagne j’ai choisi un labo de recherche sur les mauvaises herbes et les couverts végétaux.


Alicia Rouge : Allier Sciences Agronomiques et Politiques Publiques pour une Agriculture Durable
Stage de 2e année d’école d’ingénieur sur l’étude des couverts végétaux et leurs effets sur les mauvaises herbes dans les oliveraies andalouses.

Pourquoi un labo de recherche ? Parce qu’en première année d’école d’ingénieur en tant que fonctionnaire, on fait aussi des stages dans les services du Ministère. Moi, j’avais choisi de faire deux stages à Dijon, un à la DDT (Direction Départementale des Territoires) et un à la DRAAF (Direction Régionale de l’Agriculture de l’Alimentation et de la Forêt). Ah oui, il faut savoir que dans votre vie professionnelle plus tard, surtout si vous choisissez de travailler pour la fonction publique, vous ne parlerez plus qu’en sigles. J’ai eu la chance d’être encadrée pendant mes deux stages par des anciennes élèves de l’école et en apprendre plus sur les possibilités de parcours professionnel après l’école d’ingénieur. Mon encadrante de stage en DDT m’a alors appris qu’il était possible de faire une thèse de doctorat en agronomie après l’école d’ingénieur, même en tant que fonctionnaire. Cette première rencontre m’a emmené vers d’autres rencontres d’anciens élèves qui avaient choisi ce parcours, d’où mon intérêt pour réaliser un stage en labo de recherche lors de mon premier stage à l’étranger.


Ce stage en recherche ayant été passionnant, j’ai décidé de mener mon dernier stage, de fin d’études d’ingénieur de 6 mois, dans un labo de recherche encore et de proposer à mes futurs encadrants de poursuivre ce stage avec une thèse de doctorat. Encore une fois, il se trouvait que le seul laboratoire de l’INRAE (Institut National de la Recherche pour l’Agriculture l’alimentation et l’Environnement) traitant de l’agroécologie et des adventices (ou mauvaises herbes) se trouve à Dijon (la chance de pouvoir continuer mes études près de mes proches). Mon dossier ayant été sélectionné par le Ministère chargé de l’agriculture (mon employeur) parmi la liste des sortants d’école qui postulent à cette possibilité, me voilà partie pour 3 ans de thèse à l’UMR (Unité Mixte de Recherche) Agroécologie à Dijon pour travailler sur les couverts d’interculture et leurs effets sur la régulation biologique des adventices dans des systèmes de grandes cultures.


Alicia Rouge : Allier Sciences Agronomiques et Politiques Publiques pour une Agriculture Durable
Adventices (coquelicots) dans une culture (orge).

Cette thèse était mon premier travail en agronomie : une thèse vous apprend le métier de chercheur. Un métier passionnant mais aussi déroutant, en tout cas quand j’ai commencé ma thèse : je me suis plusieurs fois demandée ce que je faisais là et surtout si j’étais à la hauteur. Le doctorat est le niveau d’études le plus élevé et certains collègues comparaient le niveau d’exigences à celui de la prépa BCPST. Il est vrai que la thèse demande un investissement personnel énorme.


Mais l’avantage en thèse, en tout cas celui que j’ai eu, c’est qu’on travaille uniquement sur un sujet qui nous intéresse et que l’on construit ce projet selon nos préférences. Par exemple, j’ai choisi pour ma thèse de réaliser des expérimentations au champ en France et en serre aux Etats-Unis plutôt que de travailler sur un modèle informatique.



Alicia Rouge : Allier Sciences Agronomiques et Politiques Publiques pour une Agriculture Durable
Expérimentation au champ menée pendant ma thèse en France

Alicia Rouge : Allier Sciences Agronomiques et Politiques Publiques pour une Agriculture Durable
Expérimentation menée en serre pendant ma thèse aux Etats-Unis.

La recherche est un travail très complet qui permet d’acquérir de nombreuses compétences : perfectionnement en anglais par la lecture et rédaction d’articles scientifiques internationaux, expertise poussée sur le sujet de la thèse, capacité d’analyse, de synthèse et de rédaction, travail en équipe, encadrement de stagiaires, et pour ceux qui le souhaitent et qui choisissent un parcours de thèse plus « classique », donner des cours aux étudiants à la Fac.


La similitude entre l’école d’ingénieur et le doctorat en agronomie, c’est qu’à la fin de vos 3 ans d’études vous devez rendre un manuscrit (on dit plutôt mémoire pour l’école d’ingénieur) et présenter (on dit plutôt défendre pour la thèse) ce projet à l’oral. C’est cette épreuve finale qui permettra de vous délivrer ou non le diplôme. Disons que le manuscrit et l’oral en école d’ingénieur vous donne une petite idée de ce qu’il faudra faire en thèse, du moins si vous choisissez un stage de fin d’études d’ingénieur dans un labo de recherche : il faudra structurer ce manuscrit en 6 parties (contexte, problématique, matériel et méthodes, résultats, discussion, conclusion). La différence est qu’en fin d’études d’ingénieur on fait un stage de 6 mois, un manuscrit d’une trentaine de pages et un oral de 40 minutes (20 min de présentation + 20 min de questions du jury), alors qu’en thèse c’est 3 ans, un manuscrit d’environ 200 pages et une soutenance d’environ 3 heures (45 min de présentation + 2h environ de questions du jury).


Lien vers mon manuscrit de thèse :


Lien vers ma soutenance de thèse :


Comment se déroule le processus de recherche ?


La première étape en thèse est de lire de multiples articles et revues scientifiques sur le sujet de thèse pour savoir ce que l’on sait déjà et ce qu’il reste à élucider. Cela permet de savoir quelles questions de recherche résoudre dans la thèse. Une fois la ou les question(s) définie(s), il faut savoir comment y répondre, en s’appuyant sur les avantages, inconvénients et complémentarité de chaque méthode. Une fois la méthode trouvée et appliquée, l’analyse des résultats doit permettre de mettre en perspective ces nouvelles trouvailles au regard des connaissances actuelles. C’est ainsi que sera valorisé le travail de recherche lorsqu’on publie un article scientifique : il y a toujours 4 parties, le contexte et la problématique, le matériel et méthode pour y répondre, les résultats, puis une discussion sur ce que ces résultats apportent par rapport aux connaissances actuelles sur le sujet.


Liens vers les articles scientifiques issus de ma thèse :



Une autre forme de valorisation du travail de recherche importante est la vulgarisation : les avancées scientifiques en agroécologie doivent être vulgarisées pour une application sur le terrain par les acteurs du monde agricole. Cela peut passer par la rédaction d’articles dans des journaux, par la présentation des travaux de recherche dans des colloques ou auprès d’étudiants, ou encore par l’organisation de journées avec les agriculteurs et techniciens du monde agricole sur le terrain.


Ce que m'ont apporté mes expériences internationales en Espagne et aux Etats-Unis


De loin les meilleures expériences de ma vie : partir seule à l’étranger pour travailler dans un environnement totalement inconnu est le meilleur moyen d’apprendre à se connaitre et prendre confiance en soi à mon sens.


Ces expériences à l’étranger permettent d’ouvrir l’esprit à d’autres modes de fonctionnement, d’autres langues et cultures, et de développer ses capacités d’adaptation pour vivre en harmonie avec les habitants.


Ces expériences à l’étranger m’ont aussi permis de réaliser l’organisation en amont des voyages : recherche d’un labo d’accueil, élaboration d’un projet de recherche, recherche de financements, formalités administratives, etc. J’ai eu la chance pour ces deux expériences en Espagne et aux Etats-Unis de partir dans des conditions confortables grâce à des interlocuteurs bienveillants et deux bourses financières : Erasmus pour mon voyage en Espagne et Fulbright pour mon voyage aux Etats-Unis.


Mon Travail aujourd'hui


Après ma thèse j’ai souhaité mettre mes connaissances au service de l’action publique. Et quoi de mieux pour moi que de travailler sur une politique en faveur du déploiement de l’agroécologie sur le territoire ?


La certification environnementale est un dispositif qui a été créé par le Ministère chargé de l’agriculture en 2012. Le niveau de certification le plus élevé de cette certification est le niveau 3, ce qu’on appelle la Haute Valeur Environnementale. Cette certification permet aux exploitation certifiées d’afficher un logo sur leurs produits. Ce logo est aujourd’hui principalement présent sur les bouteilles de vin dans le commerce mais c’est avant tout une certification pour toutes les exploitations qui adoptent des pratiques favorables pour l’environnement. Quatre thématiques sont évaluées dans la certification environnementale à l’heure actuelle : la biodiversité, la stratégie phytosanitaire (utilisation de pesticides), la gestion de la fertilisation azotée et la gestion de l’irrigation.


Mon poste de chargée de mission certification environnementale s’effectue en binôme. Nous ne sommes pas trop de deux au Ministère chargé de l’agriculture pour assurer le pilotage de cette politique prioritaire du gouvernement. En effet, le poste de chargé de mission certification environnementale est très vaste car nous pilotons la certification environnementale de A à Z :


  • De la création d’un référentiel (ou cahier des charges) pour la certification Haute Valeur Environnementale actualisé au regard des avancées scientifiques et techniques en agroécologie, et adapté à l’ensemble des filières agricoles,

  • à l’animation de la commission nationale de la certification environnementale,

  • en passant par le pilotage des audits de la certification environnementale sur le terrain avec les organismes certificateurs,

  • la création d’une base de données pour valoriser les données de la certification environnementale,

  • ou encore la création d’un plan de communication pour faire connaitre cette certification au plus grand nombre, des agriculteurs aux consommateurs français.


C’est un poste de cadre A dans la fonction publique. L’école d’ingénieur à Dijon permet d’y accéder après les 3 ans d’études lorsqu’on a choisi le parcours fonctionnaire. Nous devenons après les 3 ans d’études d’ingénieur à Dijon IAE pour Ingénieur de l’Agriculture et de l’Environnement. Mes trois ans de thèse m’ont permis d’accéder à ce poste côté 2 (encore du jargon de fonctionnaire) en administration centrale du Ministère de l’agriculture. Il faut savoir qu’un Ministère est bien structuré : un Ministre, son cabinet et le secrétariat général, les directions générales (il y en a 3 pour le Ministère chargé de l’agriculture), les directions régionales et les directions départementales. Moi, je travaille en tant que chargée de mission certification environnementale à la DGPE pour Direction Générale de la Performance Economique et Environnementale des Entreprises.


A retenir également, il n’y a pas que des IAE qui sont cadre A au Ministère chargé de l’agriculture : il y a aussi des IPEF (pour Ingénieur des Ponts des Eaux et des Forêts) qui sont même A+ et qui viennent généralement de l’école polytechnique, AgroParis Tech ou l’ENS (Ecole Normale Supérieure), les ISPV (pour Inspecteurs de Santé Publique Vétérinaire) qui sont généralement des vétérinaires diplômés, des élèves en cinquième année d’école véto, des élèves de polytechnique ou encore de l’ENS, les attachés administratifs, les Ingénieurs d’Etude ou de Recherche ou encore des non-fonctionnaires, recrutés en CDI ou CDD. Cette liste n’est pas exhaustive mais vous donne un aperçu des multiples chemins possibles pour accéder à un poste de cadre au Ministère chargé de l’agriculture.


En quoi mon travail est important pour l'avenir ?


Le défi de produire des aliments avec moins de pesticides et engrais chimiques est complexe dans le contexte économique actuel. Pourtant, dans un contexte de changement climatique, il est nécessaire de concilier production agricole et environnement.


Ce que j’aime particulièrement avec la certification Haute Valeur Environnementale, c’est son caractère incitatif et pédagogique : les agriculteurs choisissent ou non d’adopter certaines pratiques agroécologiques, et plus ils en réalisent, plus ils obtiennent de points dans la certification.


Bien que le référentiel (ou cahier des charges) de la certification environnementale nécessite d’être optimisé pour une meilleure adaptation aux filières, et ce au regard des connaissances techniques et scientifiques en agroécologie, et qu’un plan de communication sur cette certification doit être mis en œuvre pour accélérer son déploiement dans les exploitations agricoles, je pense que toutes les politiques et actions en faveur d’un déploiement de pratiques agroécologiques dans les exploitations agricoles sont des leviers à actionner pour tendre vers une agriculture plus respectueuse de l’environnement. Finalement c’est comme en agroécologie : il faudra combiner plusieurs leviers (techniques ou pratiques agroécologiques) pour atteindre une agriculture moins dépendante des pesticides et engrais de synthèse.


Une Journée en tant que Chargée de mission Certification environnementale au Ministère


Les activités sur le poste de chargée de mission Certification Environnementale au Ministère chargé de l’agriculture sont très variées. Cependant, la majeure partie de mon temps est consacrée à la réflexion et production d’analyses et notes de synthèse pour orienter les décisions politiques autour de la certification environnementale. Travailler en direction générale du Ministère vous place au plus près de la décision politique. Les décisions sur la Certification environnementale sont prises au sein d’une Commission nationale dont les chargés de missions Certification environnementale gèrent le secrétariat.


Une journée type consisterait à répondre aux commandes de la hiérarchie et du cabinet du Ministre en priorité, à répondre aux demandes des organismes certificateurs et opérateurs de la certification ensuite, puis réfléchir au devenir de la certification environnementale (animation de groupes de travail, réunion avec des experts scientifiques et techniques, participation à des colloques de restitution de travaux de recherche en agroécologie, visites d’exploitations et entreprises de l’aval).


Alicia Rouge : Allier Sciences Agronomiques et Politiques Publiques pour une Agriculture Durable
Visite d’une exploitation horticole dans le cadre de mes fonctions de chargée de mission certification environnementale.

Un mot d’ordre que j’ai entendu de nombreux collègues rencontrés pendant mes stages en école d’ingénieur, c’est qu’un poste au Ministère chargé de l’agriculture est ce qu’on en fait. Je dispose d’une grande autonomie dans l’accomplissement des objectifs fixés pour la certification environnementale, et au quotidien et chaque semaine, je décide de mon agenda en fonction de la façon dont je travaille le mieux.


Ma vie en dehors du travail


Alicia Rouge : Allier Sciences Agronomiques et Politiques Publiques pour une Agriculture Durable
Dessin personnel d’une paysanne accoudée à une barrière.

Voyage, famille, amis, dessin, chant, lecture, sport, rando, écologie, piano, cuisine, tourisme en France et en Europe, vélo… La liste de mes activités est longue car je suis très curieuse, aventureuse et ce que j’aime c’est toujours découvrir de nouvelles choses. J’ai la chance de pouvoir m’épanouir en dehors de mon travail avec des activités qui complémentent mon activité professionnelle (notamment sur la créativité).


Mes conseils


Mon dicton à moi c’est de vivre comme si je devais mourir demain et d’apprendre comme si je devais vivre toujours. Phrases d’un grand humaniste, Gandhi. Je dirai aussi que la vie est faite de nombreux imprévus, qui même s’ils remettent en question nos plans, peuvent nous permettre de prendre des chemins différents mais tout aussi enrichissants. Tout dépend de la manière dont nous choisissons ou non de saisir les opportunités.


Il peut être difficile au lycée de savoir où aller, particulièrement après des études générales, mais il ne faut pas s’inquiéter, les choses et nos envies s’éclaircissent au fur et à mesure des expériences. Aussi, un choix de carrière à un instant T ne détermine pas que vous ferez cela toute votre vie, il n’est jamais trop tard pour évoluer et changer de voie. Le métier de cadre vous permet d’acquérir des compétences utiles pour n’importe quel autre poste de cadre, même dans un domaine différent de celui de départ.



Edité par Sylvana et Serena

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